Le cerveau autiste vu par les neurosciences : l’hypothèse de l’hyperconnectivité
L’hyperconnectivité cérébrale est un phénomène qui est de plus en plus étudié dans le contexte de l’autisme. Les recherches récentes ont montré que les personnes autistes présentent souvent des ondes cérébrales anormales, qui se manifestent par une hyperconnectivité entre certaines régions cérébrales et une hypoconnectivité entre d’autres régions. Pour préciser, l’hyperconnectivité cérébrale est un concept qui a été proposé pour expliquer les différences dans le fonctionnement cérébral chez les personnes autistes. Cette théorie suggère que les personnes autistes ont des connexions neuronales plus nombreuses ou plus fortes que la normale dans certaines régions du cerveau, ce qui peut affecter leur traitement de l’information sensorielle, leur communication et leur interaction sociale.
Une des premières études, publiée en 2011 par Dinstein et al., a examiné la synchronisation neuronale chez des tout-petits autistes en utilisant des enregistrements électro-encéphalographiques (EEG). Les résultats ont montré que les enfants autistes avaient une synchronisation neuronale moins efficace dans certaines régions du cerveau, suggérant que leur hyperconnectivité pourrait ne pas être généralisée à toutes les régions du cerveau.
D’autres études ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour examiner les différences dans la connectivité fonctionnelle entre les régions cérébrales chez les personnes autistes. Une étude publiée en 2012 par Gotts et al. a montré que les personnes autistes avaient un fractionnement anormal des circuits cérébraux sociaux, suggérant une hyperconnectivité au sein de ces circuits.
Une autre étude publiée la même année par Rudie et al. a examiné l’effet d’une variante génétique associée à l’autisme sur les réseaux cérébraux. Les résultats ont montré que les personnes porteuses de cette variante avaient une anomalie dans les régions cérébrales entraînées dans le traitement sensoriel et social.
Une étude publiée en 2013 par Lynch et al. a examiné la connectivité du réseau par défaut chez les personnes autistes. Le réseau par défaut est un ensemble de régions cérébrales qui sont actives lorsque le cerveau est au repos et qui sont concentrés dans les fonctions cognitives supérieures telles que la pensée introspective et la réflexion sur soi-même. Les résultats ont montré une hyperconnectivité du réseau par défaut chez les personnes autistes, qui était inversement corrélée avec les capacités sociales et communicatives. Les personnes ayant une hyperconnectivité plus importante dans ce réseau avaient des capacités sociales et communicatives plus faibles.
Plus récemment, une étude publiée en 2021 par Kujawa et al. a examiné la fonctionnalité chez les personnes autistes en utilisant une tâche d’apprentissage moteur. Les résultats ont montré que les personnes autistes avaient une connectivité anormale dans les régions cérébrales intégrées dans la formation de modèles d’action, ce qui suggérait que leur hyperconnectivité pourrait être spécifique à certaines fonctions cérébrales.
Une étude menée par Supekar et ses collègues a montré que cette hyperconnectivité dans le réseau par défaut est corrélée avec les déficits sociaux chez les personnes autistes. Les chercheurs ont constaté que plus la connectivité dans le réseau par défaut est élevée, plus les personnes autistes présentant des déficits sociaux. Cela suggère que l’hyperconnectivité dans le réseau par défaut pourrait être liée aux difficultés que les personnes autistes ont à interagir socialement.
Mais attention, malgré les nombreuses études sur l’hyperconnectivité cérébrale chez les personnes autistes, il est important de noter que tous les résultats ne sont pas toujours cohérents. Certaines études ont trouvé une hypoconnectivité dans certaines régions cérébrales chez les personnes autistes, ce qui a suggéré une intégrité cérébrale anormale plus complexe que simplement une hyperconnectivité généralisée.
En bref, l’hyperconnectivité cérébrale chez les personnes autistes peut certes être une caractéristique importante de leur fonctionnement, mais il est important de poursuivre les recherches pour mieux comprendre comment elle est impliquée dans les déficits sociaux et sensoriels associés à l’autisme. Cela pourrait également avoir des implications directe pour la qualité de l’accompagnement, si on se place dans le monde scolaire, de nos élèves.
Merci à I.A. 🙂
Quelques références :
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- Gotts, SJ, Simmons, WK, Milbury, LA, Wallace, GL, Cox, RW et Martin, A. (2012). Fractionnement des circuits cérébraux sociaux dans les troubles du spectre autistique. Cerveau, 135(9), 2711-2725. doi : 10.1093/cerveau/aws160
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