Cursus de formation pour les accompagnant.es en milieu scolaire ordinaire
COURS VIA ZOOM – Education Inclusive propose un cursus de formation qui s’adresse spécifiquement aux accompagnant.es non ou peu formé.es en lien avec des élèves autistes dans un contexte inclusif, à l’école primaire (1P-8P).
Les cours débutent à 17h00 et se terminent à 19h00.
Un programme détaillé des cours est donné au début de chaque module.
Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au lundi 15 juillet 2024.
Module 1
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mardi 3 septembre
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mardi 10 septembre
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mardi 17 septembre
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mardi 24 septembre
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mardi 1er octobre
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mardi 8 octobre
Tarif: 200 CHF pour les 6 cours
Module 2
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mardi 29 octobre
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mardi 5 novembre
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mardi 12 novembre
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mardi 19 novembre
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mardi 26 novembre
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mardi 3 décembre
Tarif: 200 CHF pour les 6 cours
Pendant cette formation, les participant.es recevront:
>> le powerpoint de chaque séance avec le renvoi aux ressources utilisées sur le terrain
>> les outils d’évaluation faits sur mesure pour l’école, vus durant le cursus de formation et la méthodologie qui l’accompagne
>> la documentation présentée durant les cours
>> des conseils personnalisés en lien avec la pratique de chacun.e
La formation est ponctuée, à chaque séance, d’un quiz commenté ensemble pour vérifier toutes les notions vues durant la séance et répondre aux éventuelles questions restées en suspens.
A la fin de chaque module, nous proposons une analyse de la pratique basée sur une vignette.
Rejoignez-nous pour cette aventure de 2 x 12h !
Quels sont les facteurs de stress à l’école pour un∙e élève autiste et comment l’en prémunir ?
Organisé par autisme suisse romande
Cours d’approfondissement
Pour suivre ce cours, il est nécessaire d’avoir suivi un cours de formation théorique en autisme.
- Intervenante
- Marie-Jeanne Accietto
- Contenu
- Lorsque nous percevons quelque chose de stressant, il s’ensuit une cascade d’événements biologiques provoquant la sécrétion d’hormones du stress, telles que l’adrénaline et le cortisol. Tout ce qui cause la production d’hormones du stress est par définition un stresseur. Il en existe deux grandes catégories : stresseurs physiques et stresseurs psychologiques. Il y a de nombreux ingrédients du stress, comme se sentir menacé, avoir un contrôle faible sur une situation, être confronté à de l’imprévisibilité ou à de la nouveauté (quelque chose qu’on n’a jamais expérimenté) ou encore se sentir personnellement mis à l’épreuve, jusqu’à nous pousser à douter de nos propres compétences.
Les élèves autistes se sentent souvent stressé∙es à l’école ce qui engendre de l’anxiété, plus ou moins grave. Cette même anxiété explique aussi en partie les épisodes d’« effondrements autistiques » (meltdown/shutdown), auxquels ils et elles sont parfois confronté∙es. Dans le cadre de cette formation, nous allons nous intéresser aux stratégies et outils à mettre en place pour limiter les sources de stress qui sont la plupart du temps considérées par les personnes non-autistes comme anodines. Et c’est précisément, dans cet interstice de « l’anodin » que se cache la différence de stresseurs entre l’élève autiste et l’élève non-autiste. C’est dans la connaissance du fonctionnement autistique qu’on trouve la clé pour aménager à sa juste mesure l’environnement, ce qui est un facteur de protection majeur.
- Public concerné
- Toute personne, autiste, parent ou professionnelle de l’éducation.
- Date/durée
- 16 mars 2024 / 1 jour
- Délai d’inscription
- 23 février 2024
Inscription:
L’enfant autiste dans le parascolaire : défis et enjeux
Descriptif:
La fréquentation d’un élève autiste au parascolaire ou UAPE (Unité d’accueil pour écoliers), soulève souvent de nombreuses questions et représente un réel défi pour les professionnels.
Nombreux sont les obstacles pour rendre ces moments plus accessibles.
Votre élève peine-t-il à être autonome lors des déplacements et aux vestiaires ? Votre élève refuse-t-il systématiquement certains aliments ? Peine-t-il à participer aux jeux collectifs ? Fait-il des fugues, se replie-t-il sur lui-même ou encore, fait-il des crises ?
Dans le cadre de cette formation, nous aborderons après un succinct rappel du fonctionnement autistique, quelques pistes et aménagements pour pallier aux difficultés rencontrées.
> Inscription obligatoire, ouvert dès 8 inscrits
> Tarif: 25 frs
Une fois inscrit.e vous recevrez un mail automatique. L’équipe de Education Inclusive reprendra contact avec vous à deux semaines de l’échéance de la conférence pour vous donner toutes les dernières informations utiles. Le paiement (2 semaines avant la formation) tiendra lieu d’inscription définitive.
Lire la suiteLe défi de la collaboration entre enseignants et autres intervenants dans l’école inclusive
La collaboration entre enseignants et autres intervenants est un enjeu majeur pour la réussite de l’école inclusive. Cette collaboration peut prendre différentes formes telles que le travail en réseau, le coenseignement, le soutien à l’enseignant, l’intervention en classe, la participation à des projets d’établissement, ou encore le travail sur la relation école-famille.
Les principaux obstacles que l’on peut observer sur le terrain pour une collaboration optimale entre les différents acteurs de l’école sont parfois dus à des différences de culture professionnelle, à une absence de temps et de moyens dédiés, ou encore une à une méconnaissance des rôles et des compétences de chacun.
J’entends aussi parfois des voix se prononcer contre les intervenant.es expert.es en les considérant comme des freins au processus inclusif, qui est considéré plutôt comme le fruit d’une collaboration plus « universelle » (généraliste ?). Je me demande s’il y a lieu d’opposer ainsi expertise et universalisme (concept qui traverse les temps).
Peut-être que le vrai défi de la collaboration entre enseignants et autres intervenants dans l’école inclusive, est dans la mise en place des conditions favorables à cette collaboration, telles que des formations communes, des temps de concertation réguliers, une clarification des rôles et des responsabilités de chacun, ou encore des outils de communication adaptés.
Le mot-clé est donc bien collaboration, ce qui suppose que personne ne se substitue aux compétences de l’autre, mais elle se forge autour de la réalité de l’élève concerné dans le groupe-classe, tout aussi acteur que l’élève. Des solutions sont discutées au cas par cas. Donc, il n’y a pas de modèle standard ou des solutions prêtes à l’emploi : pour chaque élève, chaque année les modalités d’accompagnement seront différentes. Seule la méthodologie en est le dénominateur commun, et la figure d’un coordinateur en est le pivot : sans elle, tout le système s’écroule ou s’épuise.
Cette dimension organisationnelle et/ou méthodologique est cruciale pour la mise en place de l’école inclusive. De nombreuses études d’ailleurs vont dans ce sens : il faut aujourd’hui se pencher plus que jamais sur la dynamique et la cohérence du groupe au sein de la classe, mais aussi au sein du réseau où devraient se fédérer toutes les personnes accompagnant les élèves concernés par des mesures spécifiques.
Qui, aujourd’hui, dirige ce réseau et quel temps concrètement a-t-il pour le faire ? Et quelles sont ses compétences ?
Être un coordinateur, pivot s’il n’en faut, est un travail à part entière. Mais quel facilitateur !
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Lettre ouverte à mon copain, André
Cher ami,
Je suis désolé d’apprendre que tu es victime de moqueries et que tes professeurs ne te comprennent pas. Je suis également un adolescent autiste, j’ai donc une idée de ce que tu peux ressentir. Moi, j’ai beaucoup travaillé avec ma famille et ma psy sur mes émotions et celles des autres. C’est un autre univers.
Mais, je veux te dire que tu n’es pas seul. Il y a beaucoup de jeunes comme nous qui ont des difficultés à s’adapter au monde qui les entoure. Pour ma part, je ressens souvent une grande anxiété en présence de nouvelles personnes ou de situations inconnues. C’est pourquoi je préfère souvent me concentrer sur mes intérêts spécifiques, qui me procurent un sentiment de réconfort et de sécurité.
Malheureusement, je sais que cela peut souvent susciter des moqueries de la part de mes camarades. S’intéresser à Winnie l’ourson à 15 ans, ça le fait pas. Je suis souvent étiqueté comme bizarre ou différent. Je le suis, et alors ? Je veux que tu saches que ta différence est quelque chose de spécial et de beau, même si cela ne peut pas être compris par tout le monde : ça je l’ai compris peu à peu, grâce au travail que j’ai fait pour mieux me comprendre aussi.
Quant à tes professeurs, je sais à quel point il peut être difficile de communiquer avec eux. Pour ma part, j’ai souvent du mal à exprimer mes émotions et mes besoins de manière claire et directe. Et puis, ils sont toujours pressés, stressés et me répètent à tout bout de champ que je dois être autonome, à mon grand âge. Mais toi, tu connais des ados autonomes à 15 ans ? Ils mentent. Je dois dire que j’apprécie lorsqu’ils utilisent les supports visuels ou les scénarios pour m’aider à comprendre les différentes émotions et situations. Là vraiment, je me sens compris.
Je tiens à te rappeler que tu mérites d’être respecté et aimé pour qui tu es. Les difficultés que nous rencontrons ne nous définissent pas. Nous avons tous nos forces et nos faiblesses, et c’est cela qui fait de nous des êtres humains uniques et précieux.
Je te souhaite tout le courage et la force dont tu as besoin pour faire face à tes défis. N’oublie pas que tu es capable de réaliser de grandes choses et que tu mérites d’être heureux.
Jacques
PS: Merci Jacques de m’avoir permis de publier ta lettre. Merci André d’avoir autorisé ce témoignage.
Je précise que les noms et les images sont d’emprunts.
Lire la suiteS1, E7 – Chronique d’un petit quotidien en classe : Petit Pierre maladroit et si bougillon
Lorsqu’il arrive en classe, Petit Pierre se fait souvent remarquer. Dès qu’il est assis, il se balance sur sa chaise et peine vraiment, malgré les remontrances de Madeleine, son enseignante, à rester tranquille. Il agace évidemment son camarade assis à côté de lui. D’ailleurs, Arthur, son voisin, se plaint souvent de Pierre car lorsqu’il est dans la file pour faire corriger ses exercices au bureau de Madeleine, là aussi il a la bougeotte et se colle à lui cherchant à tout prix à le serrer fort dans ses bras, ce que Arthur déteste. Et en plus ses gestes sont mal coordonnés. A la gym, par exemple ou à la récré, c’est toujours Pierre qui prend le ballon en pleine figure, ce qui évidemment fait bien rire tous les autres.
Pierre, lui, ne trouve pas ça très rigolo. Mais comment dire qu’il a besoin de bouger tout le temps et qu’attraper le ballon, ce n’est vraiment pas simple pour lui ? Il a peur de la réaction des autres et de se sentir encore moins aimé.
Et ce n’est pas non plus simple au cours d’art. Lorsque Suzanne, la maitresse d’arts visuels, lui demande de couper des figurines, c’est le drame à chaque fois. Il est un peu malhabile. Et les autres élèves ne veulent pas trop travailler avec lui à cause de ça. Il se sent souvent seul, Petit Pierre et il en veut à son corps d’être si gauche et sautillant. Il ne comprend pas non plus pourquoi.
Et vous, vous savez comment expliquer toutes ces difficultés et bien d’autres de Petit Pierre ?
Ces comportements ne sont pas le résultat d’un manque de concentration ou de motivation, mais plutôt un moyen pour Pierre de réguler son corps et de se sentir ancré dans son environnement. Les enseignant.es savent que chaque élève est unique et qu’il a des forces et des besoins différents. C’est particulièrement vrai pour les élèves autistes, qui peuvent présenter des différences de traitement sensoriel ce qui a un impact direct sur leur capacité à apprendre et à s’impliquer dans la classe. C’est ce qui arrive à Petit Pierre.
On connaît bien les cinq sens de base, mais on oublie souvent qu’il y en a d’autres moins connus, mais importants. Un sens souvent négligé est justement celui de la proprioception, c’est-à-dire la capacité du corps à percevoir sa position, ses mouvements et son orientation dans l’espace, ce qui peut entraîner des difficultés de posture et de coordination.
Pour Petit Pierre, c’est ce qui se passe : il bouge, recherche des pressions fortes en se frottant à Arthur, tient mal son ciseau, perçoit mal le mouvement du ballon, etc. Rien de volontaire dans tout cela, rien de provoquant : juste un besoin sensoriel de base… auquel il est essentiel de répondre pour que son comportement soit plus ajusté et qu’il puisse mieux accéder aux apprentissages.
Petit Pierre ressent ce besoin et il ne comprend pas que les autres ne le ressentent pas comme lui, il ne comprend pas les remontrances, les moqueries, le rejet parfois… Bref, une cascade de réactions qui, au final, le font sentir bien seul dans cet environnement social qu’il peine par ailleurs à bien comprendre.
Comment faire pour l’aider ?
Il n’y a pas de formule magique, mais des petits gestes et une attitude à adopter. Sur ce coup, Petit Pierre ne peut pas faire grand chose par lui-même. Il dépend des autres : des aides, de leur regard.
La première des stratégies, c’est donc bien la connaissance : savoir qu’il ne le fait pas exprès et pouvoir l’expliquer aux autres élèves. C’est ce qu’on appelle la sensibilisation.
Et après, on peut lui donner, et mettre à disposition aussi des autres élèves, des outils sensoriels, comme des jouets qui bougent, des bandes de résistance, des fidgets, etc. Ces outils aident l’élève à réguler son corps et à rester concentré. Mais il y a d’autres stratégies encore : intégrer des pauses régulières de mouvement dans la journée scolaire, comme les étirements, faire un peu de yoga ou courir un peu. Tout cela peut fournir l’apport proprioceptif dont l’élève a besoin.
Il est clair que pour introduire ces outils et/ou stratégies, les enseignant.es doivent parfois revoir leur manière d’enseigner et leur rapport à la gestion du groupe, mais c’est aussi ça les découvertes de l’inclusivité 😊 . Et je connais des enseignant.es qui ont intégré la petite course du matin dans la cour d’école avant de monter en classe, et d’autres qui font monter leurs élèves en sautillant pour le plus grand bonheur de la prof de gym qui a collaboré à la chose… et ceux, qui carrément, ont dessiné au sol les trois exercices d’étirement à faire avant d’entrer en classe… Enseignant.es, soyez créatifs et partez de la réalité du groupe-classe que vous avez … une solution pratiquée une année ne sera peut-être plus viable l’année suivante, car les stratégies mises en place ne sont pas gravées dans le marbre, mais dessinées au gré des enfants dont vous avez la responsabilité.
Et c’est bien ça le plus précieux dans votre métier : la liberté. Or, il n’y a nulle liberté sans contrainte : et la contrainte, ici, c’est de partir à chaque fois de la réalité que vous dicte votre groupe-classe : des forces et des besoins de vos élèves. Et s’il y a des besoins contradictoires, vous n’en serez que plus créatifs… car c’est bien là le cœur de ce métier. Personne n’a dit qu’il était simple et de tout repos, mais quel beau métier quand même.
Pour Petit Pierre, en tout cas, cela fait toute la différence : en reconnaissant et en répondant à ses besoins proprioceptifs, il sera immergé dans un environnement d’apprentissage plus favorable et donc plus inclusif lui permettant, lui et ses camarades, de s’épanouir en classe et bien au-delà.
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Au-delà des stéréotypes : embrasser la neurodiversité en classe – Les comportements-défis des élèves autistes
Les élèves autistes présentent souvent des comportements sociaux très différents de ce qui est considéré comme typique, ce qui peut être source d’inquiétude et de confusion pour les enseignants qui peuvent se sentir mal équipés pour y faire face.
Dans ce cours de sensibilisation, nous identifierons certains de ces comportements problématiques, examinerons les causes potentielles et fournirons une méthodologie réflexive qui peut aider les enseignants à aborder ces comportements sous un nouveau jour. Bien qu’il n’y ait pas de solution unique, nous croyons que la compréhension est la première étape vers la recherche de solutions opérantes.
À la fin de ce cours, les participants seront en mesure d’identifier les principales causes des comportements problématiques chez les élèves autistes en classe. Nous introduirons également une approche réflexive efficace qui pourra être utilisée pour développer des solutions concrètes. Grâce à notre approche, les participants seront encouragés à examiner les causes sous-jacentes du comportement, à considérer l’environnement dans lequel le comportement se produit et à explorer les besoins uniques de chaque élève.
En bref, ce cours est conçu pour fournir aux enseignants les outils dont ils ont besoin pour mieux soutenir les élèves autistes dans leur quotidien scolaire.
Inscription via l’Institut de Formation Pédagogique (IFP):
https://www.ifp-ge.ch/formations/je-me-sens-impuissant-e-face-a-mon-eleve-autiste-qui-a-des-comportements-si-etranges-et-problematiques-au-niveau-du-groupe-classe-comment-faire
Lire la suiteS1, E6 – Chronique d’un petit quotidien en classe : Pierre et les aspects sensoriels
“Je suis très sensible aux odeurs, en particulier celles qui se révèlent de la nourriture.
Je peux devenir physiquement malade si je suis à une odeur forte pendant trop longtemps.
À l’école, cela peut être un défi car il y a souvent des odeurs fortes
dans les cantines et les salles de classe.”
Cette phrase aurait pu être formulée par Petit Pierre à sa maîtresse, mais comment peut-elle agir sur les odeurs de sa classe ?
Ce genre de situation, couplée à d’autres spécificités de l’élève autiste et aux besoins de plus en plus hétérogènes du groupe-classe, peuvent conduire à un sentiment de découragement chez mes collègues de l’ordinaire qui se sentent démunis. Et c’est vrai : comment apporter du réconfort à Petit Pierre dans ce contexte alors que les odeurs, pour reprendre cet exemple, ne dépendent pas du bon vouloir de l’enseignante ?
Les particularités sensorielles sont associées à des différences dans le traitement de l’information dans le cerveau. Plusieurs études ont montré des anomalies dans la connectivité neuronale et dans le traitement de l’information sensorielle. L’une d’elle a montré que les personnes autistes ont une connectivité réduite entre les différentes régions cérébrales impliquées dans le traitement sensoriel (Just et al., 2007). Une autre étude a montré que les personnes autistes ont une hypersensibilité visuelle qui est associée à une activation plus importante des régions cérébrales impliquées dans le traitement visuel (Baruth et al., 2010).
La première conclusion qu’on tire, c’est que Petit Pierre et tous les enfants comme lui ne font pas exprès. Mais ces particularités sensorielles ont un impact sur la vie quotidienne des personnes autistes, y compris donc dans le contexte scolaire, comme l’exemple de Pierre nous le montre. Les enseignants peuvent d’ailleurs observer d’autres comportements atypiques chez lui en raison de ses particularités sensorielles. Par exemple, il peut parfois être sensible aux bruits forts et se boucher les oreilles ou, en pleine leçon, se couvrir la tête pour se protéger, une fois il est même parti de la classe. Petit Pierre est aussi hypersensible à la lumière et une fois, il s’est mis sous la table pour l’éviter et souvent il ferme les yeux pour éviter l’éblouissement. Et ce qui est déroutant c’est qu’il peut, au cours de son parcours scolaire, changer de perturbations sensorielles : ce qui était insupportable l’an dernier désormais ne l’est plus ou nettement moins.
Toutes ces particularités sont aujourd’hui bien comprises au niveau neuropsychologique et confirment à 100% que l’élève ne le fait pas « exprès », comme on peut parfois encore l’entendre et oui, Petit Pierre a sa place à l’école ordinaire, et non… le milieu scolaire ordinaire n’est trop « hostile » pour lui. Ce sont des biais cognitifs, basés sur de fausses croyances, sur lesquels nous devons tous travailler.
Mais il est vrai que sur le terrain, les élèves qui ont ce genre de particularités sensorielles peuvent chambouler le fonctionnement habituel de la classe ou en tout cas la représentation qu’on se fait de ce que une classe doit être. Mes collègues m’interrogent souvent sur l’équité du traitement qu’on devrait réserver à ces enfants par rapport aux autres élèves de la classe et on entend, dans la salle des maîtres, des questions de ce genre : ai-je le droit de lui laisser prendre son écharpe pour qu’il la mette devant son nez à cause des odeurs ? Et a-t-il le droit de garder sa casquette en classe car la lumière du néon le dérange ? Et comment expliquer aux autres élèves tous ces comportements et les « autorisations » exceptionnelles qu’on lui donne ? Est-ce juste, équitable ? Etc.
Toutes ces questions évidemment sont très justes, mais mises dans la perspective de l’implémentation des pratiques inclusives, comme souhaitée par les gouvernements, elles prennent une autre coloration. Au fond, l’équité en quoi consiste-t-elle ? N’est-elle pas de rendre accessibles les apprentissages pour chacun ?
Si on met ces particularités sensorielles, pour rester sur l’exemple traité dans ce billet, dans la perspective de classes inclusives, n’est-il pas profitable à tous les élèves d’avoir une classe aménagée sur le plan sensoriel de façon préventive ? Par exemple, des lumières tamisées, des fenêtres couvertes de films antireflets, des sols qui absorbent les bruits du petit quotidien de la classe, un diffuseur d’odeurs choisi en fonction des besoins des élèves les plus « sensibles » de la classe ? Et ce ne sont ici que quelques exemples d’aménagement de l’environnement profitable à tous… L’autre piste est d’agir non pas sur l’élève concerné, mais sur tous les élèves : pourquoi serait-il invraisemblable de donner la possibilité à tous de mettre un casque anti-bruit ? Et pourquoi le port de la casquette serait-elle encore un signe de manque de respect ? Les conventions sociales n’évoluent-elles pas avec le temps ? Pourquoi mâchouiller un fidget serait si inacceptable ? Etc.
En disant cela, je ne veux pas dire qu’il n’y a pas de mesures spécifiques et individualisées pour l’élève concerné, mais ces mesures seront bien moins « visibles », puisque cela semble être un obstacle. Honnêtement en quasi vingt ans de parcours professionnel, je n’ai jamais rencontré un seul enfant qui se soit opposé à ce que son camarade ait des mesures spécifiques qui lui fassent du bien, du moment qu’on a pris le temps d’expliquer à tous les élèves de la classe le pourquoi du comment : jamais !
Mais nous abordons là une autre question que je traiterai dans un prochain billet : celle de la sensibilisation des camarades de la classe aux particularités du TSA. Les questions sont nombreuses de la part de mes collègues : dois-je le faire ? Quand ? Comment ? Quels sont les outils ? Comment préparer l’élève concerné ? Et que puis-je faire s’il ne sait pas qu’il est autiste ? Et comment faire si je n’ai pas l’autorisation de parler de ça ? Etc.
Nous sommes ici au cœur de notre métier d’enseignants : il y a toujours une manière de faire pour permettre à chacun de nos élèves d’être « bien » là où il est et d’apprendre. Mais cela nous demande en effet de pratiquer notre métier autrement : impossible de ne pas faire un pas de côté pour voir la classe sous un autre angle. Et franchement, c’est tellement chouette de faire un pas de côté… et de voir, au final, que ça fonctionne, grâce à la compétence de chacun, à travers une collaboration forte et cohérente au service de tous nos élèves. On fait vraiment un beau métier.
Références bibliographiques :
Baruth, JM, Casanova, MF, El-Baz, AS, Horrell, T., Mathai, G., Sears, L. et Sokhadze, EM (2010). La stimulation magnétique transcrânienne répétitive à basse fréquence (rTMS) module les oscillations de fréquence gamma évoquées dans les troubles du spectre autistique (TSA). Journal de neurothérapie, 14(3), 179-194.
Just, MA, Cherkassky, VL, Keller, TA, Kana, RK et Minshew, NJ (2007). Sous-connectivité corticale fonctionnelle et anatomique dans l’autisme : preuves d’une étude FMRI d’une tâche de fonction exécutive et de la morphométrie du corps calleux. Cortex cérébral, 17(4), 951-961.
Source de la citation initiale : https://autisticadvocacy.org/wp-content/uploads/2016/05/Sensory-Access-Workbook-2016.pdf
Lire la suiteQue dit la recherche sur la scolarisation des élèves autistes en milieu ordinaire ?
A l’heure où en Romandie on se pose encore la question de savoir si les élèves autistes doivent ou pas rejoindre les bancs de l’école ordinaire, la recherche nous apporte des éléments utiles pour la réflexion.
Il y a en effet plusieurs études récentes qui démontrent les bienfaits de la scolarisation en milieu ordinaire pour les élèves autistes.
Une étude menée en 2020 par l’Université de Californie a comparé les résultats des élèves autistes qui avaient été inclus dans des classes régulières avec ceux qui avaient été placés dans des classes spéciales. Les résultats ont montré que les élèves inclus ont obtenu des résultats significatifs meilleurs en lecture et en mathématiques que les élèves dans des classes spéciales.
Une étude de 2019 publiée dans la revue Autisme a examiné les expériences d’inclusion des élèves autistes dans les écoles primaires et secondaires. Les résultats ont montré que l’inclusion était associée à une meilleure qualité de vie, une meilleure estime de soi et une plus grande satisfaction globale des élèves autistes.
Une autre étude menée en 2018 par l’Université de Montréal a examiné l’impact de l’inclusion des élèves autistes dans les classes régulières sur la socialisation et l’apprentissage. Les résultats ont montré que les élèves inclus avaient une meilleure socialisation et une plus grande motivation à apprendre que les élèves dans des classes spéciales.
Ces études, parmi d’autres, prouvent que l’inclusion peut offrir des avantages significatifs pour les élèves autistes, notamment en termes de réussite scolaire, de bien-être et de socialisation.
Qu’est-ce qu’on attend en Romandie pour aller encore plus de l’avant ? Quels sont les réels obstacles ? Idéologiques ? Financiers ? Politiques ? Autre ?
Il va de soi que la scolarisation des élèves à besoins spécifiques, vu notre système historiquement ségrégatif, va demander des efforts, une remise en question, une vision constructive de la neurodiversité … et tout cela débouche obligatoirement par la mise en place de cours, dès la formation initiale, sur les « intelligences multiples », si bien défendue en neurosciences, avec ensuite des formations continues et concrètes sur le terrain pour ancrer les nouvelle pratiques.
Des pays européens et hors d’Europe ont déjà emprunté cette voie depuis longtemps, avec succès.
Articles :
- Maggin, D., Chafouleas, SM, Goddard, K. et Johnson, A. (2020). Comparaison des résultats scolaires des élèves autistes dans des contextes inclusifs et ségrégués. Éducation corrective et spécialisée, 41(3), 142-152.
- Bowler, DM, Jones, CRG et Gardiner, E. (2019). Inclusion des personnes autistes tout au long de la vie : une revue systématique des interventions favorisant l’inclusion sociale.
- Égalité, N., & Tremblay, RE (2018). Inclusion des enfants atteints de troubles du spectre autistique dans les classes d’enseignement général : une revue systématique. Journal de l’autisme et des troubles du développement, 48(12), 3876-3892.
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Formation continue – Enseignant.e.s 1P/2P
COURS COMPLET – FORMATION A L’INTERNE SUR DEMANDE
Dans le cadre de la formation continue de son personnel, l’école Brechbühl, Genève, propose une formation spécifique TSA à ses enseignant.es de 1P/2P.
Après un bref rappel du cadre théorique, nous aborderons, sur une journée complète, de façon concrète les outils & stratégies utiles à mettre en œuvre dès la rentrée scolaire pour des élèves autistes en tenant compte du groupe-classe. La 3ème journée de formation sera consacrée à l’étude des situations vécues par les enseignant.e.s sur le terrain pour réfléchir de façon collective aux solutions possibles sur la base des éléments vus durant la formation.
L’entrée à l’école pour les élèves autistes et sa famille est souvent un défi et cela l’est aussi pour les enseignant.e.s qui se posent de nombreuses questions, en terme de compétences, de connaissances et de positionnement professionnel. La formation de base pour premier objectif de redonner à chacun confiance dans son pouvoir d’action et de savoir-faire. Elle apportera les éléments nécessaires pour construire le début du parcours scolaire de chaque élève sur de bonnes bases 🙂
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